Malgré les odeurs diverses de l'endroit et les derniers événements je me rend compte d'une chose… je n'ai plus mal à la tête. C'est passé. Comme ça. L'excitation ? L'adrénaline du au risque de ne potentiellement plus revoir le soleil ? Qu'importe la raison, au moins j'ai les idées clairs à présent et mon sens inné de la perception me permet d'analyser clairement la situation.
Je suis dans une bibliothèque !

Je sursaute légèrement lorsque la femme se lève en jetant son livre. Je l'observe elle aussi. Ça me rassure de voir qu'on peut bien vieillir. Elle est a des lieux de l'autre déchet encagé. Elle reste tout aussi flippante cela dit, et sort des énormités…

- Ça tombe bien, j'ai des yeux !

Je ne suis pas sûr de comprendre où elle voulait en venir… C'est évident que si je lui parle de la peinture c'est que je l'ai vu. Hum… bien qu'on aurait pu éventuellement m'en parler. J'ai un mouvement de recul lorsqu'elle s'approche. En fait, je finis complètement acculé contre le mur lorsque son doigt atteint ma poitrine. Son regard et ses paroles sonnent bien… trop bien pour être vrai. En admettant qu'il y ait un trésor ici, pourquoi me le remettrait-elle ? Je me méfie des ''cadeaux''. Alors qu'elle s’installe sur la table, je me détend, me racle la gorge et finis par lui répondre.

- Je ne cherche rien d'autre que le gamin qui se cache par ici. Et je ne voulais pas te déranger… cette histoire d'aigle rouge m'intriguait, mais je devrais peut-être vous laisser à vos lectures.

Rien n'est jamais offert sans contrepartie.

- Si tu comptes réellement me donner quelque chose, tu pourrais déjà me le montrer, ou bien au moins me dire ce que s'est. Je suis désolé, mais je n'ai pas le temps de chercher. Même si… si c'est derrière l’étagère là-bas.

Je pointe du doigt le jeu derrière les meubles de droite en observant la réaction de la vieille.

Décidement, il doit y avoir quelque chose de réellement drôle à propos du gamin… encore des rires en réponse lorsque je l'évoque. Je grimace en écoutant les paroles qui suivent. Manipulation. C'est ainsi que je l'entend. Pourquoi ?… Qu'est-ce qu'il a de si important ? Enfin, je n'ai pas le temps de réfléchir qu'elle en gausse a nouveau. Je continu de l'observer alors qu'elle ouvre le passage dérobé.

- Et moi qui croyais que la plus grande fortune à laquelle l'on puisse prétendre dans cette ville était la vie… Le secret… le trésor… la fortune… je dois être tenté ?

Je commence à jouer avec un accro sur mon pantalon. Tient, je crois qu'il est nouveau celui-ci. J'ai du me le faire dans la chute ou en ripant contre l'un des barreaux… Je contrôle ma voix alors que ça me chauffe. Et ce ne sont pas les torches qui en est la cause.

- J'ai connu des gens prêt à partager des secrets pour peu… Mais ce n'était pas glorieux. Si tu veux faire croire au mérite, tu devrais faire une épreuve, quelque chose pour y faire croire. Là… J'avance vers la table et me saisis du livre qu'elle avait reposé. tu viens raconter que y'a besoin d'un gamin pour lui bourrer le moue et tu donnes, juste comme ça, l’accès à des rêves. Ah, c'est beau, c'est grand de ne pas garder pour soi.

Je la fixe, je ne fais même plus mine d'être intéressé par son truc. Je tend son précieux bouquin vers une torche. Décidément, je crois que je ne trouverais personne d’appréciable dans ses souterrains aux effluves si caractéristique de l'insalubre assumé.

- Et si tu allais me le chercher ce fameux ''trésor''. Assumes donc ta charité jusqu'au bout.

C'est la première fois qu'on dit que je suis intelligent. Parfois, j'ai eu droit à des ''pas con'', alors là, j'ai comme envie de continuer de le prouver. Je sais pas ce qui se passe dans le coin, mais j'aime pas ça… Je tente d'embarquer le gosse et je file signaler ce trou.

Je suis pas bien sûr de ce que je fais… en même temps j'ai pas été préparé pour ce genre de situation. Je tremble un peu en agitant le livre à quelques centimètres de la flamme qui vient me lécher la main un court instant. Si ça suffisait pas, la vieille perd complètement pied et commence à se lacérer la peau de ses ongles crochus. Mais… c'est quoi ce merdier encore ?

- Aaah arrêtes ça !! Je le repose ton bouquin, regardes…

Je retournais vers la table quand elle finit de se débattre avec elle-même. Elle tient un truc à la main. Hum… C'est une mue ou un truc dans le genre ?
… Nan, Jo, arrête de déconner…

- T'es... encore mieux conservée que je l'aurais cru…

Elle me coupe et j'écoute attentivement. Encore ce Carmin… leur chef, ça ne fait plus de doute. Le problème c'est que je n'avais pas encore envisagé ces galeries ''pleines de dézingués''. Avec elle, j'en comptais trois… et c'était déjà bien. Bon, le vieux de la geôle c'est un bonus on dira. Le bourru de l'entrée, il compte comme un dangereux ou pas ? J'hoche la tête d'un air entendu en baissant la main.
… Raaah…
Mais qu'est ce qu'elle fait encore… j'ai relâché de nouveau mon attention, zuut. Encore une fois on ouvre une porte pour me la claquer au nez. Celle-là n'a pas de barreau, mais je suis pas sur que ce soit mieux.
Tient… contrairement à ce que j'attendais la femme ne ferme pas la porte mais continu de parler… des conseils ? J’essaie de tout bien retenir. Tout droit, Statue, Gauche… ça semble pas trop loin.
Et là… Ahah !

- Je le savais ! J'en étais sûr !! La rabatteuse !!! Je l'ai tout de suite cramé !!!! Ahah, faudra la changer pour…

Bon après je suis quand même allé là où on le voulait… C'est un détail ça, l'important c'est que j'avais raison ! Je continue de jubiler intérieurement alors qu'elle m’arrête, commençant à refermer la porte…

J'ai tout juste le temps de souffler un « Moi c'est Jo… » avant qu'elle ne referme la porte. Je reste un moment devant la porte, incrédule par l'enchaînement de situation…
C'était un test son coup du trésor ou du môme ?
Oui, ça doit être ça… savoir quel genre de type débarque c'est important. Une larme coule le long de ma joue. Même dans les endroits les plus sinistres il y a des gens pas complètement perdus. Faut qu'elle sorte de là avec nous, le gamin et moi. Navy… comment elle a finit ici ?

Je soupire et poursuis ma visite. Tout droit, donc !
Et avec tout ça j'ai pas lâché le bouquin… bah, il sera peut-être utile.

Je regarde bien pour ne pas tomber dans un autre piège. Et puis il y a cette statue à trouver… L’impératif c'est de ne pas retomber sur d'autres troglos. Alors, en avançant prudemment, je tends l'oreille…

Je me plaque au mur, jetant quelques regards craintifs dans la nouvelle salle… Cinq… Ils sont cinq. Et soit le sacrifié est complètement shooté, soit il est volontaire… ou probablement les deux. Le sang sur les dalles de l'autel se voit d'ici… à moins que ce ne soit un brun naturel qui macule le sol si homogènement…

Chier… trop de facteur… dépassé. Mon souffle s’accélère alors que je mordille nerveusement ma lèvre inférieur… Passer, ne pas passer… j'ai pas confiance au mec du pilori, il va me balancer… Risquer d'attendre qu'ils le plantent pour avoir une paire d’œil de moins ? J'ai pas confiance en ma discrétion.

Je reste dans mon coin, inspectant les alentours, à la recherche d'une arme circonstancielle, d'une toge liturgique… de n'importe quoi en fait… Faites ça vite, faites ça bien… le moins de cri possible. Et l'omniprésence écarlate qui m'empourpre l'esprit…

T'sais, Jo', la vie ça vaut pas grand-chose… Une bouchée de pain ou un souhait occulte, lorsque t'es chanceux… sinon c'est bien plus insensé. C'est pour ça… tires, gamin, ça aide, ça soulage, faut pas y penser… pis tu verras, tout a plus de sens quand ton cerebrum se noie sous l'afflux d'incongruence acide… Un fix c'est pas pour rien… y'en a besoin ici, sinon tu la sens te submerger vague après vague la glaciale étreinte… Ouais, fais moi le plaisir de pas la sentir l'insidieuse, c'est pas pour ça que t'es là… juste respire et fix… Pour apprécier c'est la seul voie en ce monde.

Et mon regard sur l'hébété du pilori… il donne du sens lui là bas ? Il sent sa mort venir ? Allumés… 'tin pourquoi cet endroit n'est pas déjà purgé ? Ils se sont pas organisés comme ça d'hier… Je ravale ma salive. Épaissie par quelques gouttes d'hémoglobine, un goût ferreux sous la langue, la fine peau de la lèvre a cédée sous la pression.

Rien de probant dans les alentours… J'essaie de me calmer, de garder le contrôle de ma respiration, et rejette un œil sur les cultistes. Oubliant que j'attends la mort d'un homme pour en profiter pour bouger, je fixe le poignard. Dés que ce sera le moment, je filerais discrètement jusqu'à la bibliothèque… Y'a beaucoup de livres dans le coin tout de même…