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L'art de survivre [olivia]

Mel Windburg
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Mel Windburg
Ven 18 Juin - 17:12
l'art de survivre.
- olivia et mel
Ça fait huit jours

J’ai toujours été attiré par les hauteurs. Je bois tout ce qui concerne l’Espace et l’Univers. À l’époque, quand j’étais en haut de tout et au-dessus des Autres, j’aimais me retrouver seul sur les balcons des tours, perdu dans l’immensité de la Nuit. Pendant ces moments, j’étais libre, dépossédé de tout soucis et rancœur.
Désormais, je suis noyé sous le poids des sacrifices et de l’injustice constante. Je ne peux ni m’en défaire, ni les aimer, ni les fuir. Le Ciel se cache, l’Univers a disparu, me rendant complètement aveugle. Et par-dessus tout, je ne peux oublier.

Ça fait huit jours

Si quelqu’un m’avait dit que j’allais perdre la totalité de ma putain de vie en à peine quelques jours, je lui aurais sans doute rit au nez.

Elle est là, je la vois je la sens. Son parfum pêche me caresse les narines et sa douce voix m’envahit les tympans. L’air est frais, la brise nous transporte. Du haut de la tour, en cette nuit étoilée, nous pouvons parcourir le monde de nos grands yeux heureux. Son ventre rond bouge parfois, dévoilant la vérité. Son rire cristallin résonne tout autour de moi. À cet instant, je sais que je suis le plus heureux des hommes.

Ça fait huit jours

Huit jours que je ressasse ces souvenirs.
Huit jours que je marmonne. Que je survis. Et pourquoi ? Tout ce que je souhaiterais, c’est de les retrouver. Que nous continuions notre vie paisible, peu importe l’endroit après la mort.
Non
Même ça, on me l’a enlevé.
Mais je rêve parfois, que bientôt mes draps seront un Ciel étoilé.

Huit jours et bientôt neuf, puis vingt, puis cinquante, jusqu’où suis-je prêt à aller ?
Du bout d’un bâton, je trace des traits, sans queue ni tête, marmonnant des pensées glauques sans cesse.
Puis j’entends des cris, des gens qui hurlent des mots incompréhensibles. Ça me sort de ma léthargie. Ils ont l’air en colère, à moins que ce ne soit de la frustration. Je les envie. Je n’ai même plus la force de me mettre en colère. Et de toute façon, je serai coupé dans mon élan par la douleur de la puce. Ces enfoirés d’Aigles…
Les cris semblent se rapprocher de plus en plus. J’observe quelques Tatoués se lever pour aller voir ce qu’il se passe.
On va avoir un nouveau colloc’
Plaisante la personne assis en tailleur près de moi. Je le regarde l’œil vide et pivote vers l’entrée des Sous-sols. Les cris se stoppent peu à peu jusqu’à totalement s’évanouir, certains rient.
Effectivement, c’était l’acclamation de l’arrivée d’un nouvel Aigle Déchu.

En voyant la personne en question entrer dans les catacombes sombres, le bout de bois se brise entre mes doigts. Ces enfoirés d’Aigles…

J’attends que son regard se pose sur moi pour lui faire un signe de la main.

Ça fait huit jours

Mais au moins, ils ne m’auront pas pris toutes les personnes auxquelles je tiens.

Olivia Garner
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Olivia Garner
Sam 19 Juin - 14:38
Sa mère avait eu l’audace de pleurer et Olivia se rappelait très bien ce qu’elle lui avait hurlé : “Ce n’est pas toi à qui ça va faire le plus mal !”, ce qui avait fait redoubler les larmes de la femme.

Olivia n’avait pas voulu comprendre que ses parents aient le droit de souffrir, que c’était la perspective de ce qu’allait subir leur fille unique qui les bouleversait. Ce n’était pas juste, s’ils s’étaient lamenté sur leur propre sort, tout aurait été plus simple. Elle aurait pu les détester, entièrement, complètement.

Quand on avait amené Olivia face à la Foule, elle l’avait regardée avec défiance. Entre la douleur d’avoir perdu Melody et sa fille, d’avoir entendu le nom de Mel être traîné dans la poussière, entre la peur face à cette cohue déchaînée et incohérente dans laquelle elle serait bientôt jetée, entre la détresse d’avoir perdu tout ce qu’elle avait toujours connu, de ne pas être capable de répondre à la question “et ensuite” il y avait un étrange sentiment de soulagement. Entre les goûtes, il y avait la certitude qu’Olivia avait pris une décision - sa décision - pour la première fois de sa vie. Sans influences extérieures, sans prendre personne en compte qu’elle-même.

Ce n’était pas juste. Elle l’avait répétée suffisamment de fois. Alors elle avait tâché d’agir pour ne pas devenir injuste elle-même - pour ne pas continuer à l’être, peut-être, parce qu’elle avait conscience des imperfections du système depuis bien longtemps.

Oh, Olivia aurait tout le temps de découvrir dans les semaines et les mois à venir l’horreur véitable de la vie à Hells gate, à quel point elle n’était pas prête. Quand elle se décharnerait, quand la puce lui vrillerait les nerfs, quand ses cauchemars la priveraient de sommeil, quand la monde ne lui laisserait aucun répit.

Pour le moment, Olivia ne réalisait pas vraiment. Elle était contente d’en avoir fini, mieux valait ici que l’incertitude de la prison, qu’attendre son sort, impuissante.

Les cris donnaient envie à la jeune femme de se recroqueviller, la tête dans les épaules, mais elle s’en empêcha. Trop hébétée pour réellement réagir au capharnaüm ambiant, pour retenir le moindre visage, elle se concentrait sur quelque chose de simple : avancer, un pied devant l’autre. L’endroit où on avait appliqué son tatouage tout neuf la brûlait. Elle se demandait à quoi elle devait ressembler, elle qui avait toujours les cheveux sagement retenus dans une queue de cheval, et dont les vêtements étaient généralement immaculés. Il faudrait vite y remédier, elle détonnait ici, blanc sur noir.

On la mena plus bas, toujours plus bas, parmi des débris, des bâtiments qui n’étaient plus que des squelettes de ciment et de ferrailles nus. Il y avait une foule qui semblait l’attendre, des gens éparpillés, certains oisifs, posés là comme s’ils attendaient… Difficile de dire quoi, quand l’horizon était inexistant, l’air chargé de poussière. Est ce que l’aération fonctionnait même dans ces bâtiments ? Est ce qu’on allait l’enterrer vivante ? Cette pensée serra les viscères d’Olivia, mais elle refusa de s’arrêter, malgré ses yeux trop brillants maintenant. Elle ne voulait pas regretter, elle n’avait pas le droit de regretter. Ce qui était arrivé à Melody était trop affreux.

Enfin, le vacarme voulut bien se taire. On regardait Olivia comme une bête curieuse. Tous ceux qui l’entouraient avaient la marque, celle qui devait se voir sur son visage. Olivia parvint à avoir un rictus qui ressemblait davantage à une grimace. Que devait-elle dire ? Rien ne semblait approprié à la situation. “Bonjour” paraissait tellement… Creux.

Vite, elle laissa son regard se promener dans les alentours. Elle avait connu plus d’un Aigle Blanc avant son exil, si seulement elle repérait un visage familier…

Il était là, assis dans les gravats. Quand leurs regards se croisèrent, Mel leva la main, et Olivia mit un instant à le reconnaître. Ou plutôt, à s’avouer que c’était bien lui. Elle s’approcha rapidement de lui, ignorant les autres Tatoués qui ne lui barrèrent pas la route.

- Mel !

C’était rare qu’Olivia soit à court de mots. En réalité, elle en avait tellement coincés au fond de la gorge qu’elle ne savait simplement pas par où commencer. Elle cilla furieusement pour empêcher les larmes de couler, et la seule chose qu’elle put finalement dire fut :

- Je suis désolée.

Ce n’était pas comme si elle s’excusait elle, comme si elle se croyait coupable. Il y avait de la hargne dans ces mots.

- Non, être désolée ne sert à rien. Dis moi… Dis moi s’il y a quelque chose que je peux faire.

Elle était venue ici pour le revoir, quelque part, en honneur de la mémoire de Melody. Pour être solidaire. A présent, tandis qu’elle le scrutait, elle s’apercevait que son soutien serait bien dérisoire, quoi qu’elle puisse lui apporter.

Mel Windburg
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Mel Windburg
Dim 20 Juin - 20:01
Elle m’aperçoit et s’approche de moi rapidement, comme je m’y attendais. Elle s’excuse, le cœur au bord des lèvres. Je la regarde sans ciller. Je ne le prends ni bien ni mal, elle n’y peut rien, dans tout ça. C’est moi qui devrais m’excuser. Sans tout ce merdier, elle ne serait pas ici à se faire épier par tous les Autres. Tout ça, c’est ma faute.

Mes yeux plongent vers le sol à ses derniers mots, peut-être pour ne pas croiser la vérité en face. Ce qu’elle pourrait faire ? À part remonter le temps, pas grand-chose. Ou peut-être…
Tire-moi une balle dans l’crâne.
Je souris faussement la seconde d’après, dédramatisant la chose. L’humour est toujours la meilleure des solutions, dans la plupart des cas. Cela dit, je ne suis pas encore assez maître de moi-même pour savoir si ce n’est vraiment que de l’humour noir.

Je la regarde, une boule dans la gorge.
Je… Je crois que…
Je me sens comme une bête immonde, un monstre. J’ai l’impression qu’elle va me détester.
Je crois que je suis heureux que tu sois là.
Oui, ça fait plaisir de voir un visage connu. Quelqu’un sur qui je peux me reposer, quelqu’un qui sait ce que j’ai vécu. J’avais besoin de ça.
Et pourtant, je ferai tout pour qu’elle ne soit jamais descendue. Pas elle, je ne veux pas qu’elle vive ça.
Pardon.
Je détourne le regard à nouveau, honteux de mes propos. Je ne sais plus quoi penser. Je me retrouve complètement perdu. Qu’est-ce que tu dirais, Melody, si t’étais là ?
C’est ma faute si t’es là. Jamais t’aurais dû me défendre, regarde ce qu’ils t’ont fait. Regarde ce qu’ils nous ont fait à tous. Y’a que des morts vivants ici.
Tu ne dirais sans doute pas ça.

Olivia Garner
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Olivia Garner
Lun 21 Juin - 11:20
Olivia se figea aux paroles de Mel. Elle fronça les sourcils, même s’il semblait glisser une touche de sarcasme dans ses mots, ils étaient insupportables pour la jeune femme.

- Compte sur moi pour tout mais pas pour ça.

Elle n’en serait même pas capable, même si elle l’avait voulu. La puce l’en empêcherait. Elle tâta du bout du pieds les gravats près de Mel et prit place à ses côtés, dans un équilibre précaire. La main dans la poussière, elle l’y laissa pendant une minute entière, comme pour se convaincre de la solidité de ce qui l’entourait. De sa tangibilité. Avec un peu de chance, ça pouvait encore être un cauchemar…

Olivia s’ébroua en secouant la tête. Elle ramena ses jambes contre elle. Elle avait conscience de regards curieux qui la scrutaient. Elle serait la nouvelle pendant encore quelque temps, mais elle ignora superbement les Tatoués autour d’elle.

Un sourire un peu tordu se fraya un  chemin sur les lèvres de la jeune femme.

- Je ne peux pas exactement dire que je suis heureuse d’y être mais je suis heureuse de t’avoir retrouvé.

Elle leva les yeux au ciel en entendant Mel s’auto flageller.

- Oh pitié, c’est moi qui ai pris cette décision, tu ne m’as pas mis un couteau sous la gorge pour m’y forcer ! Et qu’est ce qu’il restait encore pour moi là-haut de toute façon ?

Olivia s’empara d’un petit caillou qui s’enfonçait dans sa cuisse et le jeta quelques mètres plus loin, le ton amer. Peine perdue : ça ne rendait pas son assise plus confortable.

Elle grogna, presque le début d’un rire.

- Ce qu’ils m’ont fait ? J’ai même pas encore pu me regarder dans une glace… C’est si terrible que ça ? Si j’ai la même tête de déterré que toi…

Elle disait ça pour le taquiner, le faire réagir peut-être, qu’il s'arrache de cette torpeur mais au fond elle savait que lui crier dessus, l’attraper par les épaules et le secouer ne serviraient pas à grand-chose, quel que soit le choc que l’état actuel de l’homme lui provoquait. On ne pouvait pas exiger de quelqu’un qu’il aille mieux, il avait plus de chances de se renfermer dans sa carapace. La tragédie était si récente… Pouvait-on même faire un tel deuil ?

Olivia ne se rappelait pas de la dernière conversation qu’elle avait eu avec Melody, et cela lui pesait. C’était quelque chose de banal, c’est pour ça que ça lui était sorti de l’esprit. Si elle avait su que ce serait la dernière fois qu’elle la verrait, elle l’aurait gravé précieusement dans sa mémoire.

Elle ne savait pas exactement ce qui était arrivé à son amie mais s’en enquérir auprès de Mel était une très mauvaise idée, même Olivia et sa langue trop bien pendue le savait.

- Je me sens tout ce qu’il y a de plus vivante. Te défendre était la bonne chose à faire, je savais ce qui risquait de m’arriver. Tant pis. Je ne compte pas me laisser crever ici…

Après tout, n’était-ce pas ce que le Dôme aurait voulu ? Les briser ? Entre ses dents serrées, Olivia ajouta :

- Je ne leur donnerai pas cette satisfaction.

Mel Windburg
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Mel Windburg
Dim 27 Juin - 14:54
Mes doigts s’emparent d’un autre bout de bois sec. Je le regarde, comme s’il s’agissait de quelque chose que je n’avais jamais vu auparavant. Tout en écoutant Olivia d’une oreille, mon poignet remue aléatoirement et le bâton trace des dessins incompréhensibles sur la terre.
Ces derniers temps, il m’est totalement impossible de rester concentré sur quoique ce soit. Mon esprit divague dans des contrées lointaines. Je crois que c’est ce que l’on appelle se forger une carapace solide suite à un traumatisme.
Un traumatisme ? Je me sens pas traumatisé. Tout ce que je veux moi, c’est les rejoindre.

Je grogne légèrement en fronçant les sourcils en entendant les dernières paroles de ma camarade. Oui, tout ce qu’ils souhaitent, c’est nous briser. Nous calciner. Nous voir mort de l’intérieur. Ils ont carrément bien réussi leur coup pour ce qui est de ma pomme. Mais en ce qui concerne Olivia, jamais ils ne réussiront. Un sourire en coin s’échappe et se loge sur mes lèvres.
T’es beaucoup trop bornée pour ça.
Quand je l’ai rencontré la première fois, jamais je ne me serai dit que j’allais finir par l’apprécier autant. Elle était trop, tout le temps. Elle m’a tout de suite rappelé Ruby, ma sœur. Je suis certain qu’elles se seraient bien entendues. Ou alors elles se seraient entre-tuées. Personne ne le saura jamais, de toute façon.
Tu m’as manqué ‘Liv. Vraiment.
Je ris nerveusement, un peu gêné. Je crois que j’ai envie de chialer. Il faut dire que je n’ai pas lâché une larme depuis le drame. Impossible de lâcher le morceau. Ça se gangrène en moi.
J’aimerais savoir une chose.
Ma carapace se solidifiant de plus belle à l’approche des émotions trop puissantes, mon visage se referme et le sérieux revient au galop.
Il y a une chose que je n’arrive pas à comprendre, que j’aimerais comprendre. Je n’arrive pas à m’en défaire.
Mon frère. Il était présent à ton jugement ? Est-ce qu’il t’a regardé ne serait-ce qu’une fois dans les yeux ?
Rien qu’en prononçant ces questions et en imaginant les réponses, le mal de crâne provoqué par la puce commence à se faire ressentir.
En y réfléchissant, peu importe la réponse, il restera toujours celui qui m’a trahi. Celui qui m’a détruit. Qu’il assume ou pas, qu’il regrette ou pas, finalement je ne crois pas que j’en ai quelque chose à foutre. Je le buterai tout autant.

Olivia Garner
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Olivia Garner
Mer 30 Juin - 12:03
Olivia lâcha un bref ricanement. Une mèche tomba devant ses yeux et elle prit sur elle de refaire sa queue de cheval en tirant bien toute la masse de ses tiffes vers l’arrière, comme si elle voulait encore donner un semblant de rigueur à son apparence.

- Je prends ça comme un compliment.

Jusqu’ici, Mel était toujours apparu comme quelqu’un de solide à Olivia. Peut-être était-ce sa carrure, peut-être était-ce son caractère, ses sourires, son humour ; en tout cas cette image-là était ébranlée en regardant ce nouveau Mel bien en face. Les souvenirs se disputaient avec la réalité et comme elle gagnait petit à petit du terrain, le tableau cru qu’elle dépeignait était insoutenable. Mel semblait à peine capable de suivre la conversation, et Olivia observa un instant ce qu’il gribouillait dans la poussière. Là, et pas là à la fois. Peut-être qu’une partie de lui s'en était allée avec Melody.

Olivia réprima un frisson et serra plus fort ses jambes contre elle.

- Je t’aurais pas laissé seul.

Il avait placé un petit rire, mais la voix d’Olivia ne tenta pas de se charger de sarcasme pour adoucir la situation.

- En plus il fallait bien que quelqu’un dise la vérité après qu’ils aient affirmé toutes ces choses affreuses à ton sujet. Crois-moi, on m’a entendu ! Ils peuvent peut-être me balancer dans une décharge, mais ils peuvent pas effacer mes paroles de la tête des gens.

La révolte fit légèrement trembler les lèvres de la jeune femme. Elle maugréa, à moitié convaincue :

- Peut-être que certains vont y réfléchir.

Olivia sonda Mel du regard après sa question. Elle voulait lui donner une réponse immédiate, mais ses sourcils se froncèrent malgré elle, et tout son visage suivit, son front plein de petites rides, sa bouche tordue. Elle porta une main à sa tempe en sentant une sale migraine monter. Elle s’exhorta, comme un mantra “rappelle-toi, rappelle-toi, rappelle-toi…”.

Le procès. Les pleurs silencieux de sa mère, son visage pétrifié par le chagrin. La face pétrifiée par l’horreur de son père, ses yeux vides et absents. Beaucoup de choses avaient été dites, mais tout semblait s’emmêler, et puis les paroles qu’Olivia elle-même avait prononcées ne raisonnaient pas avec sa propre voix. Le souvenir était épars, gris, sans émotion, comme si l’esprit d’Olivia n’avait pas encore eu le temps de traiter la kyrielle de sensations de ce jour-là. Ou peut-être qu’il ne le ferait jamais, qu’il tentait de l’en préserver.

- Il était là.

Finit par articuler Olivia avec un peu de difficulté. L’avait-il regardé dans les yeux ? Elle avait tourné la tête vers lui…

- Nos regards se sont croisés mais…

Elle n’avait pas voulu soutenir le sien, ou celui de personne d’ailleurs.

- … J’ai juste fixé un point droit devant moi. Je voulais que ce soit vite fini, pas que ce soit un spectacle pour qui que ce soit dans la foule. Ils avaient pris leur décision avant même de m’amener pour prononcer ma sentence de toute façon.

Mel Windburg
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Mel Windburg
Mar 6 Juil - 11:30
La vérité…
Si peu de personnes la possèdent. Mon père et mon frère l’ont démantelée et reconstruite comme ils le souhaitaient. Me voilà seul possesseur de la triste vérité. Et je crèverai avec.
Olivia ne sait rien de ce qu’il s’est passé et pourtant, elle sait que je n’y suis pour rien. Si elle savait que l’un des trois décès a été provoqué de ma main, peut-être qu’elle réagirait de manière différente. Peut-être qu’elle regretterait ses actes autant que ses mots.
Je ne regrette rien.
Il le fallait. Il fallait bien que quelqu’un s’en charge, elle était déjà morte.
Peut-être que certains vont y réfléchir.
Tu parles… Il n’y a que des lâches là-haut. Ils vont y penser, peut-être même vont-ils croire et comprendre les paroles d’Olivia. Et après ? Rien. Rien ne se passera, comme d’habitude.
Nous sommes tous condamnés à vivre comme ceci, en Haut comme ici.

J’attends la réponse à ma question avec une drôle d’impatience. Je sais que peu importe la réponse que je vais avoir, je serai déçu ; alors pourquoi ?
Il était là.
Mes yeux ne quittent plus le sol, les traits dans la poussière se font de plus en plus appuyés.
Non, en fait cette réponse là me scie les nerfs encore plus que je ne le pensais. Il était là, présent au moment du jugement. Fier de ce qu’il avait provoqué, fier d’être le provocateur de ma descente aux Enfers.
Je ferme les yeux en les plissant, le haut du bâton vient taper à plusieurs reprises mon front.

Pourquoi t’as posé cette question ?

J’ai la rage au bord des lèvres, je ne fais même plus attention à la douleur qui s’aggrave dans ma tête.
Il était même pas là au mien, tu te rends compte ? Ma voix est rauque, à cause de la haine et de la douleur infligée par la puce. Il est trop lâche pour assumer ce qu’il m’a fait, trop lâche pour voir la vérité en face. Mais tu me dis qu’il était là pour toi. Tu sais… Tu sais c’que ça veut dire ? C’était une manière d’assister à ma déchéance sans avoir à supporter mon regard. Il t’a écouté, fier du résultat qu’il attendait depuis tellement d’année. Ne plus m’avoir dans les pattes.
Ma tête se penche sur le côté et je grimace. Bordel. Ça fait mal. Si telle est la douleur quand on exprime des pensées noires et dangereuses, je n’imagine même pas l’intensité au moment où je passerai à l’acte. Parce que je le ferai. Demain, dans dix ans, dans trente ans. Il crèvera de ma main.
Putain… S’il voulait à ce point m’évincer de sa vie, il aurait pu simplement me tuer.
Aïe, la tristesse revient au galop. Je préfèrais mille fois la colère. Ma gorge se serre quand la scène me revient en tête. Je lâche mon bout de bois et me frotte violemment le crâne avec mes deux paumes, comme pour évacuer ce souvenir horrible. C’est trop tôt pour ressasser. Beaucoup trop tôt.
Je me lève.
Je vais exploser.
Je sors de la grotte, le contact du vent tiède me fait du bien.
Mes yeux se posent en haut, là où l’on devine l’une des Tours de la Cité Blanche. Il doit être en train de vivre sa plus belle vie. Je le hais si fort.
Le silence m’accompagne, et ça fait du bien. Je respire enfin et la douleur s’estompe peu à peu.
Pardon
À qui l’entendra.

Olivia Garner
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Olivia Garner
Ven 17 Sep - 10:04
Olivia finit par s’ébrouer, comme pour s’arracher à la torpeur qui semblait en retour accabler Mel. Elle fronça carrément les sourcils en écoutant l’homme.

Elle aurait probablement dû se taire et éviter tout bonnement le sujet. Est-ce que ça aurait arrangé la situation ? Probablement pas parce que Mel aurait fini par reposer la question, même si elle lui avait mis la tête à autre chose. Et puis à quoi de toute façon ?

Olivia regarda autour d’elle, déstabilisée. Qu’est ce qu’il y avait à faire par ici ? Les gens semblaient errer sans but dans les ruines, désœuvrés. Comment mangeait-on, où se logeait-on ?

Olivia en revint à Mel. C’aurait été à lui et à sa femme qu’elle aurait posé la question, en d’autres circonstances. Ils étaient des repères pour elle. Comment pouvait-elle survivre si même Mel se laissait aller ?

A nouveau, elle secoua la tête. Une douleur sourde naissait dans son crâne, sans qu’elle sache si c’était à cause de la fameuse puce ou si la panique lui donnait la migraine.

Recroquevillée sur elle-même, elle étendit soudain sa jambe pour donner un coup dans la poussière.

- Conneries !

Elle planta son index dans l’épaule de Mel.

- Quand tu dis ça on dirait que je suis là à cause de ton frère, ou même que tout est ta responsabilité. Ce sont des conneries ; j’ai choisi ce qui m’est arrivé. Je suis pas simplement un pion dans vos histoires.

Si ce n’était pas le cas… C’était une pensée intolérable à avoir. Quand elle s’imposait aux frontières de l’esprit d’Olivia, celle-ci avait l’impression d’atteindre un point de rupture.

Il fallait que ce soit de son fait, cela au moins. Si elle était enfermée dans une illusion de choix, qu’elle ne faisait que réagir face au Aigles Blancs et pas agir – parce qu’en réalité, n’était-ce pas le cas ? – alors…

Qu’est ce qui en valait encore la peine ?

- Mel, tu t’entends là ?!

Avant qu’elle n’ait pu obtenir de réponse, l’homme se leva et s’éloigna. Olivia demeura un instant seule dans la poussière. Un caillou particulièrement pointu lui entamait la cuisse mais elle le sentait à peine. Elle était glacée, malgré elle. Elle se mit à claquer des dents, ses membres pris de tremblements incontrôlables.

Elle avait envie de pleurer, alors elle enfouit sa tête contre ses jambes, ferma les yeux. Elle voulait oublier, s’imaginer dans sa chambre d’un blanc immaculé, aux lignées épurées, entendre sa mère l’appeler pour venir manger. Son ventre se serrait à cette seule pensée, à part égale à cause du chagrin et de la faim.

Et après quoi ? Devenir comme Mel ?

D’accord, il n’était plus que l’ombre d’une ombre. D’accord, Melody n’était plus là pour conseiller Olivia. Elle lui avait beaucoup donné. C’était peut-être le moment de rendre hommage à sa mémoire en allant rendre la pareille à son bon à rien de mari.

Olivia sauta sur ses pieds, tout du moins elle essaya. Elle fut prise d’un sale vertige, et aboya sur deux Tatoués qui la fixaient après ses éclats de voix :

- Foutez-moi la paix !

Dans la Cité Blanche, elle n’aurait jamais osé crier ainsi. C’aurait perturbé le vernis de perfection et de mesure. Jamais non plus elle n’aurait osé avancer à grands pas comme ça, les poings serrés. Le gravier crissait sur ses pas, comme elle n’était pas bien stable sur ses appuis elle manqua de chavirer et de tomber. Mais, cahin-caha, elle parvint à la hauteur de Mel.

Elle inspira. Comment l’aborder ? Elle tâcha d’adoucir sa voix et demanda :

- Qu’est-ce qu’il s’est passé ?

Elle trottina pour se retrouver au même niveau que l’homme.

- Ce qui t’a valu ton exil… Qu’est ce qui s’est vraiment passé ?

Olivia devait savoir. Pour Melody.

Mel Windburg
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Mel Windburg
Mer 29 Sep - 12:34
C’est dingue comme la culpabilité, la tristesse et l’effroi sont destructeurs. On perd la raison, l’ouïe, puis tous les sens et les sentiments deviennent futiles. Ne reste plus qu’une seule envie, variant selon les jours : l’envie d’en finir ou celle de se venger. Mon cœur chavire entre les deux sous le rythme de ses battements. Il n’y a pas pire pour détruire un homme.
Alors, qu’on me parle, qu’on tente de me raisonner, qu’on me fasse comprendre que je suis encore vivant et que c’est ça qui importe… Non. C’est pas comme ça que ça fonctionne.

Une larme coule le long de ma joue, traverse les traits formant ma bouche, et s’arrête à la pointe de mon menton, prête à se jeter au sol, à tout moment. Ce n’est qu’une larme qui a fini par se faire pousser par les autres, trop nombreuses. Je n’arrive pas à extraire toute cette tristesse et cette frustration. Tout s’agglomère en moi en une boule électrique douloureuse.
C’est dur. Je sais pas si je vais tenir.
Qu’est-ce qu’il s’est passé ?
Ma gorge se serre et je déglutis difficilement.
Je suis heureux qu’Olivia soit là. Mais je préfèrerai qu’elle ne le soit pas. Elle me rappelle tout. Tout. Et tous ces moments merveilleux sont constellés de sang, de larmes et de cris.
J’essaie de me remémorer ce qu’il s’est passé, ce jour-là, mais c’est quasiment impossible. Je remue la tête négativement.
Je ne sais pas, je ne sais plus. Je ne suis pas prêt à me souvenir.
Tu te souviens ? Elle disait toujours… Ne te cantonne pas au passé, vis ta vie et pense à demain.
Un faible sourire accompagne mon souvenir.
J’ai jamais réussi à suivre ses conseils. J’pense pas que ça va changer.
Je baisse les yeux, alors toujours posé vers le haut de la Tour, au sol. Je soupire faiblement. J’ai pas envie de croiser son regard. Je me sens comme un squelette enfermé dans un corps trop grand. Je me sens terriblement ridicule, à cet instant. Et pourtant j’ai l’impression de suffoquer.
Liv’… C’est dur. Je… Je sais pas si je vais tenir. Je vois plus aucune raison de pas tout arrêter maintenant. J’ai jamais eu aussi mal, et pourtant y’a rien qui sors, je… Je vais exploser, j’veux que ça s’arrête.
Ma voix tremble comme jamais elle n’a tremblé. Je ne suis plus rien sans elles. Si seulement je l’avais su avant, j’aurais tout fait pour en profiter davantage.
Elles ont été ce qui m’est arrivé de plus beau, et je ne m’en suis pas aperçu.

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L'art de survivre [olivia]
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