Le bébé babille peu. L’enfant n’arrive pas à articuler de mots.
Ariodante est encore petite lorsque ses tutrices l’isolent pour qu’elle ne révèle pas son retard. Elles connaissent des Aigles Blancs qui s’expriment avec difficulté mais dont le génie n’est plus à prouver et espèrent que l’enfant saura suffisamment se démarquer dans un domaine important pour ne pas être rejetée. Elles s’évertuent à apprendre les mots à leur fille, son par son, syllabe par syllabe. Avec de l’entrainement, Ariodante est capable de dire son alphabet et les formules simples de politesse. Elles remarquent rapidement que l’enfant ne peut pas parler avec spontanéité et vont lui inculquer un vocabulaire essentiel et pour le reste… Ariodante apprendra à faire attention.
On dit qu’elle est timide. Les professeurs s’en réjouissent, mais ses camarades de la classe la taquinent, la traitent de muette et l’embêtent comme n’importe quel enfant en embête un autre. Toutefois, Ariodante n’est pas une fillette timide et tenter de se moquer de son malaise n’a que peu d’impact sur elle et ses tourmenteurs se lassent rapidement. En classe, l’enfant ne montre aucun retard d’apprentissage, ce qui fait la joie de ses mères. Le plus difficile est l’impossibilité de formuler des questions, de demander à son professeur des éclaircissements sur un sujet nébuleux, alors elle redouble d’efforts pour maintenir ses notes à un niveau décent.
La voie qu’entreprend Ariodante s’aligne avec son trouble de langage et, le plus grand reproche qu’on lui donne lors de ses études est celui d’organiser son code de façon un peu étrange. Trouvant plus aisé de naviguer entre les symboles et les chiffres, la jeune femme devient ingénieure en automatisation et rejoint une petite équipe de maintenance qui réparent et adaptent les automates servant le Dôme. Étrangement, auprès d’eux, elle ne se sent pas isolée. Ses collègues font preuve d’une grande introversion, ont des mimiques peu communes et se fichent bien qu’Ariodante ne s’exprime pas avec de grands mots, tant qu’elle travaille intelligemment et ne sert pas de poids mort à l’équipe. Cette tolérance offre à la jeune ingénieure un cadre sécuritaire où elle peut s’ouvrir et tisser des amitiés solides.
Puis, un jour, un accident survient.
La petite équipe d’ingénieurs s’affairent à la réparation d’un automate de taille importante. Des fils servant aux commandes d’automatisation sont changés, des composantes remplacées pour optimiser le travail effectué par l’automate et quelques codes sont réécrits. Rien d’extraordinaire. Les problèmes sont différents d’une machine à l’autre, mais la méthodologie pour les résoudre est la même. Pour certain, cette routine fatigue leur esprit et les tâches perdent graduellement en qualité. Rien de flagrant, au début, jusqu’à ce qu’une erreur impardonnable se produise.
(TW : Électrocution)
Un mauvais branchement entre les composantes d’automatisation et le transformateur, un fil de terre qui ne rejoint pas la terre et l’horreur se produit. La structure de l’automate se charge d’électricité et voyage jusqu’aux ingénieurs appuyés contre celle-ci. Évidemment, tout a été vérifié avant de débuter les tests et l’électricité n’est pas supposée aller
là. Aussitôt, un travailleur tombe et, dans sa chute, il se heurte au champ magnétique qui secoue sa carcasse avant d’atterrir au sol, inerte. Et lui, il a été chanceux dans sa malchance, car l’ingénieure qui l’accompagne ne meurt pas sur le coup. La seconde victime reste accrochée malgré elle à l’automate, incapable d’ouvrir sa main pour lâcher prise dû au courant qui la traverse. Ariodante est incapable de bouger, incapable de penser. Sa respiration s’est arrêtée devant l’horreur qui se déroule sous ses yeux, même le feu ne suffit pas à la faire réagir. Elle est prisonnière de ce moment depuis.
On lui parle, elle n’entend rien. On touche son épaule, elle demeure immobile. Une poigne solide se referme sur son bras et, aussitôt qu’on la tire, Ariodante se met à hurler. Elle s’époumone et se débat de toutes ses forces, les larmes aux yeux et la suite n’est plus dans la mémoire de l’ingénieure.
En détention, elle découvre qu’un collègue l’a pointée du doigt comme responsable de l’accident qui est survenu et elle est accusée d’homicide involontaire. Ariodante sait qu’elle n’est pas la responsable de cet événement funeste mais, lorsqu’elle tente de se défendre, son trouble de langage la condamne et elle est envoyée dans la Foule.
En Bas, ses expertises ne lui servent à rien. Ariodante ne connait de la Foule que les multiples récits d’épouvantes que l’on raconte dans le Dôme. Elle cède ses bottes en échange de nourriture. Puis sa veste et ses chaussettes. Sans accès à une salle d’eau, son hygiène se détériore au point où elle doit couper ses cheveux pour ne pas trainer un nid répugnant sur sa tête. L’ancienne ingénieure garde très peu de souvenirs de cette période.
Ses errances la mènent aux serres d’Adenawell et le message des enfants d’Eden la touche. Elle les rejoint sans hésitation, embrassant une vie loin d’une technologie avancée et destructrice. Pour montrer sa bonne foi et prouver qu’elle n’est pas une dangereuse criminelles, Ariodante se porte volontaire pour les tâches les plus dangereuses. Elle est celle qui grimpe aux arbres pour couper une branche sur le point de casser ou tailler un feuillage trop dense mettant en péril la vie de la flore vivant dans l’ombre au-dessous. Les efforts physiques nécessaires sont grands et les muscles d’Ariodante souffrent énormément avant de s’habituer à leurs nouvelles fonctions.
Et dans le Jardin d’Eden, elle peut parler, même si elle met du temps à avoir un discours déchiffrable. Malgré les tourments de sa vie passée qui continuent de la hanter, Ariodante adopte les croyances des enfants d’Eden non pas seulement pour se nourrir et évitée de se retrouver avec ses semblables à Hell’s Gate, mais par sincérité et dévotion.
• Elle se fait appeler Aurore depuis qu’elle fait partie des Enfants d’Eden, ayant été incapable de prononcer son propre nom correctement depuis son ostracisation
• Par contre, son vocabulaire s’est drastiquement élargi grâce aux Enfant d’Eden et à leur tolérance
• S’est bricolée des outils l’aidant à monter aux arbres plus aisément et surtout, plus sécuritairement, avec du matériel acquis au fil des années
• Ses membres s’engourdissent et elle est prise de sueur froide lorsqu’elle sent l’odeur de brulé
• Parle peu mais rit beaucoup, Aurore fait des grimaces à défaut de pouvoir dire des blagues
• Est insomniaque
• A un signe de main unique pour désigner les autres Enfants d’Eden, inspiré de leur apparence ou de l’impression qu’elle a eu d’eux en les rencontrant
• Elle est souvent réveillée de ses cauchemars à cause de la douleur que lui inflige la puce
• Sinon, la puce se déclenche rarement
• Elle vérifie toujours ses nœuds quatre fois avant de grimper
• Très gestuelle et exagérant parfois les mouvements de sa bouche lorsqu’elle articule, on la prend souvent pour une personne malentendante et plusieurs s’adressent à elle en levant le ton
• A pris gout à la musique depuis qu’elle est dans la Foule
• Récupère le fil de vieux tissus inutilisables pour faire des broderies sur ses vêtements
• Lorsqu’elle est prise de panique, elle se couche au sol et attend que ses maux passent, préférant avoir l’air ridicule que d’activer la puce
• Même si parfois elle n’est pas capable de distinguer un danger imaginaire d’un danger réel
• Aurore ne parle pas de l’événement qui l’a exilée des Aigles Blancs
• Cela ne l’empêche pas d’être terrorisée par les étincelles et les flammèches, comme si elle voyait quelqu’un se faire tuer sous ses yeux à chaque fois
• Sursaute facilement
• Est à la fois chaleureusement amicale et farouchement distante